

Assassinat d’Aboubakar, conséquence d’une haine légitimée
Nos pensées et notre solidarité vont d’abord à sa famille, à ses proches, que nous assurons de tout notre soutien. إنا لله وإنا إليه راجعون
À cette douleur s’ajoute une colère légitime. Car cet acte odieux n’est pas un fait isolé. Il s’inscrit dans le contexte d’une islamophobie grandissante en France, systématiquement minimisée, niée, voire justifiée, malgré les nombreux signaux d’alerte lancés depuis des années. Combien d’actes passés sous silence ? Combien de morts encore avant que cette haine ne soit enfin reconnue pour ce qu’elle est : un fléau qui tue ?
L’UDMF dénonce l’hypocrisie qui entoure ces violences : lorsque les victimes sont musulmanes, les mots manquent à les désigner. Là où l’on parle d’« attentat » ou de « crime raciste » pour d’autres communautés, on se contente trop facilement de « fait divers » dès qu’il s’agit de musulmans. On évoque la folie d’un « déséquilibré » plutôt que la haine d’un raciste islamophobe. Ce traitement à deux vitesses alimente un climat de suspicion envers les victimes elles-mêmes, comme si leur innocence devait toujours être prouvée.
Cette différence de traitement n’est pas anodine : elle banalise la haine, elle légitime la violence. Les discours politiques et médiatiques qui diabolisent sans relâche l’islam, les musulmanes et les musulmans, finissent par ouvrir la voie à ces passages à l’acte meurtriers.
L’UDMF dénonce cette mécanique dangereuse et rappelle que les responsabilités sont claires. Quand un ministre de l’Interieur, garant des cultes, s’autorise à scander publiquement « à bas le voile », il ne fait pas que trahir le principe de neutralité républicaine : il jette la de l’huile sur le feu et nourrit directement ce climat de rejet. Il participe à la construction d’un imaginaire dans lequel le musulman devient l’ennemi intérieur.
Depuis sa création, l’UDMF alerte sur ces dérives systémiques. Nous réaffirmons l’urgence d’une reconnaissance officielle de l’islamophobie comme délit, au même titre que l’antisémitisme. Cette reconnaissance est une condition indispensable pour que la devise républicaine« Liberté, Égalité, Fraternité » s’applique réellement à toutes les composantes de la nation.
Car la violence physique commence toujours par les mots, par l’indifférence, par le silence. Face à cela, nous avons le devoir de réagir, de nommer, de dénoncer, de protéger. Agir, pour que plus jamais la foi d’un jeune homme comme Aboubakar ne soit un motif pour qu’on lui ôte la vie.
Eric BERLINGEN, porte-parole de l'Union des Démocrates Musulmans Français